- désacraliser
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• 1949; de dé- et sacral♦ Didact. Dépouiller du caractère sacral, ne plus considérer comme sacré. — Par ext. Dépouiller (qqn, qqch.) du caractère respectable qu'on lui reconnaissait jusqu'alors. « Le travail de l'écrivain serait désacralisé » (Barthes). ⇒ démythifier. ⊗ CONTR. Sacraliser.désacraliserv. tr. Retirer le caractère sacral attaché à (une fonction, une pratique, une institution). Désacraliser la justice.⇒DÉSACRALISER, verbe trans.DIDACT. [Le compl. désigne une entité relig.] Dépouiller de son caractère sacré. Synon. profaner. Nous vivons dans une histoire désacralisée (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 35) :• ... l'esprit de la modernité en rupture avec tout le monde antique et en continuité étroite, (...), avec le socialisme autoritaire, qui va désacraliser le christianisme et l'incorporer dans une Église conquérante.CAMUS, Homme rév., 1951 p. 239.— Emploi pronom. (à valeur passive). Bien des formes ludiques proviennent de rituels, qui, peu à peu, se sont « désacralisés » (Jeux et sp., 1968, p. 793).— P. ext., hors du domaine relig. Dépouiller (une personne, une chose) du caractère quasi sacré qu'on lui attribuait jusqu'alors. Il faut désacraliser la profession (d'écrivain) (Mallet-Joris ds GILB. 1971).Prononc. :[
], (je) désacralise [
]. Étymol. et Hist. 1949 désacraliser par des rites appropriés (VUILLEMIN, Essai signif. mort, p. 249). Dér. de sacraliser; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :4.
DÉR. Désacralisation, subst. fém. Action de désacraliser, résultat de cette action. La désacralisation du culte (Cardinal Daniélou ds GIRAUD-PAMART 1971). L'homme religieux ne saurait admettre la profanation, la désacralisation croissante du monde occidental depuis la Renaissance (Philos., Relig., 1957, p. 3414). P. ext., hors du domaine relig. L'ouverture de Lanvin II marquera la désacralisation d'une griffe (de haute couture) réputée (GILB. 1971). — []. — 1re attest. 1949 les rites de désacralisation (R. CAILLOIS, L'Homme et le sacré, p. 113 ds ROB. Suppl. 1970); de désacraliser, suff.-(a)tion. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — LE BIDOIS Délire 1970, pp. 99-100. — PAMART (P.), RIVERAIN (J.). Mots dans le vent. Vie Lang. 1969, pp. 615-622 (s.v. désacralisation). — QUEM. 2e s. t. 3 1972. — SCHMIDT (H.). Fr. vivant. Rech. lexicol. Praxis. 1969, t. 16, p. 430 (s.v. désacralisation). — WEHRLIN (É.). Le Nouv. lang. de l'Église. Vie Lang. 1972, p. 218 (s.v. désacralisation).désacraliser [desakʀalize] v. tr.❖♦ Didact. Dépouiller du caractère sacral, ne plus considérer (qqch., qqn) comme sacré.1 Il possède seul une sainteté suffisante pour commettre le sacrilège nécessaire qui consiste à désacraliser la récolte, afin que le libre usage en soit permis à ses sujets.Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 113.♦ Au participe passé :2 L'actualité du problème de la révolte tient seulement au fait que des sociétés entières ont voulu prendre aujourd'hui leur distance par rapport au sacré. Nous vivons dans une histoire désacralisée.Camus, l'Homme révolté, in Essais, Pl., p. 431.♦ Par ext. Dépouiller (qqn, qqch.) du caractère respectable, quasi sacré qu'on lui reconnaissait jusqu'alors. || Désacraliser une profession.3 J'ai déchiffré avec curiosité, on le pense bien, le passage de la lettre à maman concernant la villa d'Hadrien, beau lieu aujourd'hui désacralisé par des restaurations indiscrètes ou par de vagues statues de jardin trouvées çà et là et arbitrairement groupées sous des portiques retapés, sans parler d'une buvette et d'un parking à deux pas du grand mur qu'a dessiné Piranèse.M. Yourcenar, Archives du Nord, p. 134-135.4 L'alliance spectaculaire de tant de noblesse et de tant de futilité signifie que l'on croit encore à la contradiction : totalement miraculeuse, chacun de ses termes l'est aussi : elle perdrait évidemment tout son intérêt dans un monde où le travail de l'écrivain serait désacralisé au point de paraître aussi naturel que ses fonctions vestimentaires ou gustatives.R. Barthes, Mythologies, p. 33 (1957).❖CONTR. Sacraliser.DÉR. Désacralisation.
Encyclopédie Universelle. 2012.